Le marché du scénario en France… Une grande question… Si ce marché existe effectivement, il ne ressemble en rien à d’autres marchés qu’on peut qualifier plus simplement : celui de l’automobile, ou de l’immobilier par exemple.

Car oui, ce marché de la création qui régit les productions cinéma et/ou télé est très particulier. Pour bien en cerner tous les aspects, il faut d’abord comprendre la manière dont se fabrique et se distribue un film : Qui sont les protagonistes de ce cheminement ? Qui sont les décideurs ? La place des auteurs scénaristes, leur relation avec le producteur, le réalisateur.

à la télévision

Ce fameux marché du Scénario se composent de deux mondes aux codes bien différents : le cinéma et la télévision.

En premier lieu, la Télévision. La télévision est avant tout une production de commande, fortement dépendante des chaînes qui la financent. En gros, pas trop de place à l’audace et à l’originalité. Les projets sont montés par des « techniciens » soucieux des chiffres. Les auteurs arrivent pour calibrer une série en fonction d’impératifs économiques.

De plus, Les productions de fiction télévisées s’insèrent dans une politique très en rapport avec le contexte socio-économique. Il s’agit très souvent de percuter sur des sujets d’actualité. Mais là encore, ces rapports avec des sujets brûlants se développent dans des cadres très aseptisés, très calibrés.

Cela dit, le travail d’écriture pour la télévision est très différent de celui pour le cinéma. Les impératifs de commande pour les chaînes sont plus délicates et restrictives. En matière de télévision, les producteurs peuvent chercher un auteur pour compléter une équipe de scénaristes autour d’une série, ou bien ils cherchent un auteur prétendant à une compétence particulière.

A la télévision, c’est le sacro saint audimat, et cette bonne vieille ménagère de 50 ans qui dictent les règles… Et la ménagère préfère le formaté à l’original.

Au cinéma

Au cinéma, la réussite ou l’échec d’un film se fonde sur 3 piliers : le scénariste, le réalisateur, et enfin, le producteur. C’est le producteur qui décide d’engager les moyens en fonction du scénario.

En matière de cinéma, c’est souvent les auteurs qui font la démarche de contacter les producteurs pour leur proposer un scénario. De plus, il n’est pas rare que l’auteur soit aussi le réalisateur.

Après bien sur, ceci est à prendre avec des pincettes, car le petit monde des scénaristes est un mode très clos et fermé… en admettons que demain, un producteur soit intéressé par le scénario d’un auteur débutant, il en confiera l’écriture à un scénariste professionnel.

Un producteur est très attentif à l’activité des auteurs, il est sans cesse à la recherche de nouveaux talents, de nouvelles idées. Là encore, c’est avant tout un travail de « plagiat indirecte ». On prend l’idée et on la refaçonne avec les scénaristes « maison ».

Cela dit, je conseille fortement aux apprentis scénaristes de ne pas hésiter à démarcher directement des société de production. En effet, et c’est mon expérience personnelle qui parle, on peut tomber sur des producteurs qui lisent votre travail et qui vous un donne un avis professionnel.

Vous n’allez pas signer un contrat, mais c’est là le genre de petites expériences qui sont bonne à prendre !

Toutefois, il n’existe aucune vraie étude qui permettrait de savoir dans quelle proportion est né un film, d’où la complexité d’appréhender le marché du scénario en lui même. Les raisons et les motivations des producteurs, cinéma et télévision confondu ne respectent aucune démarche logique et rationnelle.

Par ailleurs, le coût d’un film ne cesse de grimper… Malgré les aides et autres subvention (CNC, région, collectivités, pré achat télé) le premier poste qui pâtit fortement en matière de financement demeure le scénario. Le rapport GASSOT mentionne une moyenne de 2, 2% pour les dépenses consacrées à l’écriture au regard du budget global d’un film alors qu’on devrait s’attendre raisonnablement à 10%.

Cinéma sous perfusion

Il faut savoir que le cinéma Français est structurellement déficitaire… Le CNC et le Ministère de la Culture contribuent efficacement à pervertir le système… A titre d’information, les aides étaient comprises entre 5 et 15 millions d’euros dans les années 80. En 2012, ces mêmes aides oscillent entre 20 et 25 millions d’euros. En 2012, pour un film produit, les fonds extérieurs représentent 700 000 euros par film en moyenne, plus encore pour les grosses productions.

Les statistiques fournies par le CNC sont sens appel : Le Cinéma Français est au summum de son opulence. Jamais l’Etat n’a investit autant d’argent dans le Cinéma, le nombre de films produit chaque année explosent, et pour quel résultat ?

Le mercredi est devenu une grande foire où les films français se suivent et se ressemblent ! Aucune créativité, aucune audace, aucune originalité. Au générique, nous retrouvons toujours les mêmes noms au scénario, les mêmes histoires, les même sujets d’actualité traité de façon plate et linéaire.

Une idée reçue

En 2011, un rapport confidentiel de l’inspection des finances faisant débat. En effet, le financement des films avait été décrypté par le rapport GASSOT : « les films sont financés à 80% par d’autres intervenants que le producteur, dont la part dépasse rarement 30%. En outre, la part du producteur ne correspond pas, pour l’essentiel, à une prise de risque sur ses fonds propres. » .

Donc, pour enfoncer le clou encore plus dans le parpaing, nous avons donc : des films à outrance, un overdose de subventions, des producteurs qui ne prennent pas trop de risque. Et dans ce cadre sans risque, les scénaristes continuent d’être le parent pauvre…

Paradoxalement, toutes les conditions sont réunies pour les producteurs et ils n’en profitent pas pour tenter de bousculer un peu ce système sous perfusion. Le cinéma d’auteur tente bien de bousculer avec l’émergence de nouveaux auteurs, de nouveaux réalisateurs, de nouveaux styles…

Mais le problème du cinéma d’auteur est qu’il souffre du déficit de diffusion. Même si internet demeure une belle vitrine de diffusion, le net a ses limites. En effet, comme à l’époque de l’explosion des web-séries, la profusion extrême de films sur la toile a vite fait de noyer la qualité sous la quantité.

Et même si le net permet de montrer son travail, il n’est pas forcément le tremplin tant attendu, surtout pour un auteur scénariste.

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