La vocation d’un scénariste

Le jour du repas de famille dominical, à votre belle-mère qui vous demande ce que vous faites dans la vie, ne répondez jamais scénariste ! Surtout en ces heures sombres de crise sociale et financière interminable !

Déjà qu’avec un métier « commun », on a toujours la hantise du chômage (sauf si vous êtes fonctionnaire !) alors imaginez le métier le plus aléatoire du monde!

En premier lieu, ne mettez pas vos œufs dans le même panier ! Ne fondez pas tous les espoirs dans ce métier. Pensez à faire quelque chose de plus commun pour au moins payer le loyer et les capsules de Senseo. C’est bête à dire, mais mieux vaut tout de suite calmer les plus ardents qui pensent qu’il y a des coups à faire en vendant des scénarios.

Il y a toujours des coups à faire, comme le collectionneur qui possède une pièce rare… Il pourra mettre des années avant de la vendre au bon prix. Pour un scénario, c’est pareil. Il faut être patient. Pourquoi dire ça ? Parce que les prix de ventes de scénarios long métrage (entre 20,000 et 50,000 euros) peuvent laisser rêveurs les plus naïfs. Mais avant d’en arriver là, et sans être sûr de bien y arriver un jour, n’espérez pas trop, mais espérer quand même! C’est con à dire, mais c’est un aspect primordial !

Lorsqu’on voit la réalité brutale du métier de scénariste, il n’y a rien de plus facile que d’abandonner! D’autant plus que les scénaristes, en France du moins, forment un petit club très select. Et ce n’est pas souvent le talent qui permet d’y entrer, mais plus les contacts !

Imaginez le fumeur compulsif à qui on mettrait la pression pour qu’il arrête. Quels que soient les arguments, il ne s’arrêtera pas. Etre scénariste est encore plus contradictoire! Il faut constamment être motivé, ne jamais lâcher. Se nourrir des échecs et des désillusions, ne jamais faiblir et abandonner. Je sais ce que vous vous dites, c’est le genre de discours qui ressemble beaucoup à un sermon des Témoins de Jéhovah. Du genre, ne jamais rien lâcher, rester motiver… Bla… Bla… Et bla…

C’est un discours différent auquel je voudrais vous faire adhérer. Un discours plus positif, pour montrer que même à l’échelle du plus petit des scénaristes amateurs, le facteur chance, aussi infime soit-il, peut toujours faire la différence.

Il y a un aspect très important pour un scénario. Il faut bien faire la différence entre une bonne idée et un bon scénario. Dans une histoire, ce n’est pas l’idée qui est bonne, c’est le traitement qui en est fait, la manière, le style… C’est ça qui fait la différence entre deux scénarios issus de la même idée ! Par ailleurs, dans la majorité des cas, les scénarios partent tous d’idées de base sensiblement identiques.

Un scénario peut intéresser une production pour des raisons innombrables: bon style, bonne accroche, bonne fin,… C’est pour ça qu’il ne faut pas hésiter à espérer.

Mon expérience personnelle est là pour caractériser mes propos.

Il y a un an, suite à un appel d’offre pour des programmes courts, j’ai imaginé un concept. Par la suite cet appel ne s’est pas concrétisé, mais je croyais beaucoup au projet et j’ai décidé de démarcher directement des productions spécialisé dans les programmes courts TV.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai envoyé un mail où je présente le concept en quelques lignes. En pièces jointes, justes quelques scénarios (inachevés pour certains) d’épisodes pour montrer le ton, etc… Et c’était tout !

Pas de bible, pas de synopsis, pas de cv… Juste un numéro de portable pour me joindre au cas où.

Et bien, j’ai eu des retours! Et surtout un retour très important. Un producteur non pas intéressé par le concept, mais qui aimait bien mon style. Du coup, il m’a appelé et m’a demandé de lui envoyer d’autres projets (téléfilms de long métrage) entrant dans le cadre de sa ligne éditoriale.

Et nous restons en contact, je lui envoie quelques trucs… Mais bon, écrire pour la télé est encore très différent… Une spécificité sur laquelle je reviendrais au cours d’un prochain article.

Bref, tout ça pour vous dire qu’il ne faut pas hésiter à démarcher, et ne croyez pas que tous les mails soient jetés à la poubelle !

On écrit par passion, par plaisir d’imaginer des histoires, de surprendre, de déstabiliser. Après, ça dépend du genre pour lequel on se prédestine ! En même temps, écrire une histoire, c’est avant tout un investissement personnel. Pas d’argent, juste du temps. Du temps qu’on accepte de « perdre » par plaisir.

Les 2 grandes qualités à avoir

En premier lieu, être humble et ouvert à la critique. Toute critique est constructive ! Il faut savoir prendre du recul sur son histoire. Evidemment, la première fois qu’on va faire lire sa première version, une critique, ça fait mal ! Surtout que, même si on a investi du temps, on a accouché du scénario dans la sueur ! Imaginez une femme enceinte qui met un an pour pondre, et qu’à la sortie, on lui crie au visage: « Mais c’est une vraie daube ton truc ! »

Etre humble et accepter la critique ne veut pas dire non plus baisser son pantalon jusqu’aux pâquerettes ! On doit aussi défendre ses idées, ses choix, ses points de vue. Votre interlocuteur, aussi professionnel soit-il, est avant tout un être humain comme vous. En aucun cas il n’a la science infuse pour l’art délicat du scénario.

Malgré le fait que l’écriture de scénario soit régi par des règles de structures précises et minutieuses (à étudier avec un peu de recul tout de même, mais c’est un vaste sujet sur lequel je reviendrais au cours d’un prochain article) il n’en demeure pas moins que c’est un art aléatoire ! Eh oui ! Jamais on ne parle de bon ou de mauvais scénario. On évoque toujours une bonne idée, de bons personnages, de bons dialogues, une bonne accroche, une bonne ambiance…

C’est comme une voiture neuve sans moteur. Elle ne roule pas, rien à sauver ! C’est clair ! Pour un scénario, c’est différent, car de bons personnages ou un bon style peut tout à fait sauver la copie. Le scénario est un sujet sans fin, au même titre que le métier en lui-même !

Pour conclure

Je dirais juste aux jeunes loups qui pensent pouvoir écrire car ils ont de bonnes idées: ça ne suffit pas ! Au même titre que ceux qui pensent pouvoir se lancer après une formation. L’écriture de scénario ne se résume pas juste aux idées et à la formation. Il y a surtout un « feeling ». Cette notion abstraite et vague qu’il est impossible de définir et qui pourtant fait tout la différence…

Prêt à suivre un chemin différent et moins conventionnel, pour ne pas juste « simplement » apprendre ?

J’espère que cette première mise en bouche vous aura plu et qu’elle ne vous aura pas trop effrayés 😉 Je vous dis à bientôt dans de prochains articles sur le scénario qui entreront plus en profondeur dans le sujet !

N’hésitez pas à réagir ainsi qu’à poser vos questions dans l’espace dédié aux commentaires.

Vous ne pouvez pas copier cette image