Si on vous demandait de citer les plus grands réalisateurs de ces quarante dernières années, je serais prêt à parier que De Palma ne serait pas dans le lot. Et pour cause, il n’est pas forcément évident de saisir ce que ce réalisateur a pu apporté au cinéma.

Bien sûr, De Palma est l’auteur de quelques films définitivement ancrés dans la culture populaire comme Carrie au bal du diable, Scarface, Les Incorruptibles ou encore le premier opus de la saga cinématographique Mission Impossible. Le bonhomme n’est pourtant pas ce qu’on appelle, un yes-man ou un cours-le-fric. La plupart de ces œuvres ont d’ailleurs bien du mal à se faire financer et à trouver leur public, le deuxième expliquant le premier.

C’est pourtant à n’en pas douter l’un des plus grands réalisateurs vivants.

Thèmes et inspiration de Brian De Palma

Reprendre le dernier plan de La Prisonnière du désert de John Ford serait idéal pour débuter l’analyse de De Palma : John Wayne, prisonnier de l’encadrement d’une porte qu’il ne pourra jamais franchir.

C’est une image d’ailleurs très semblable à de nombreux plans du film L’impasse ou Carlito’s way. Dans ce film, De Palma nous conte l’histoire d’un truand qui, après sa sortie de prison, souhaite quitter sa condition. Il se heurte à cette impossibilité durant tout le long du film enfermé tantôt entre les murs d’un night club jusqu’à une station de métro où l’attend une photo des iles Bahamas.

L’enfermement est une valeur importante pour De Palma, mais sa relation avec l’outil cinématographique l’est encore plus. Il ne s’agit pas ici que d’un acte de narration, c’est une interrogation sur la nature du cinéma et de la véracité de l’image cinématographique et audiovisuelle.

Démontrons le grâce à l’un de ses films les plus connus : Snake Eyes. La réputation de ce film vient principalement de cet impressionnant plan séquence de 12 minutes. En réalité, ce plan est d’ailleurs coupé en trois endroits mais on gardera ça dans la catégorie « Anecdotes ». Posons nous d’abord la question de l’utilité d’un plan séquence. Le plan séquence permet une grande proximité entre le réalisateur et le spectateur. Une grande complexité de mise en scène ainsi qu’une impression de fluidité et de continuité font sentir au spectateur que la narration des événements est d’une véracité quasi impossible à remettre en cause. Pour autant, pendant le reste du film, De Palma prendra un malin plaisir à nous démontrer à quel point tout ce que nous avons vu lors de ce plan séquence était faux. On jouera avec la présence des caméras, des nombreux témoins oculaires et des versions de chacun pour faire éclater la vérité ou au contraire nous montrer que c’est l’ambiguïté qui l’emporte.

Je ne vous en dis pas plus. Regarder Snake Eyes !

Les raisons qui motivent De Palma à faire ce genre d’argumentation sont probablement très liés à sa génération. D’après ces propres dires il fut très marqué par l’assassinat de Kennedy et par la guerre du Vietnam à laquelle il a fait en sorte de ne pas participer. Mais ce n’est pas les événements en eux mêmes qui l’ont marqués, c’est leur exploitation médiatique. La manipulation des images qui a suivi ces deux événements a, en effet, rendu très difficile de différencier le vrai du faux. De Palma sera alors l’un des premiers à s’interroger sur la véracité de l’image.

On retrouve encore cette thématique dans son récent Passion, remake du Amour d’Alain Corneau.

Cela dit, Brian De Palma dispose d’autres références très appuyées, à savoir celle d’Hitchcock par exemple.

Et vous, que pensez vous de Brian De Palma ? Je serai curieux d’avoir votre avis sur ce réalisateur que j’affectionne particulièrement.

Arnaud

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